Il nous a fallu quelques jours pour assimiler ce que nous avons vécu samedi et ces derniers jours...
Nous avons l'impression d'avoir été littéralement submergés par une gigantesque vague.
A 6h15 nous étions au terminal E à attendre avec 5 autres couples. Nous scrutions chaque ouverture de porte, chaque visage... Et puis rien... 6h45 toujours rien...
On ne peut pas parler d'impatience... Cela allait au delà...
Je crois qu'à un moment donné Flo a été voir si les vitres des tapis de livraison des bagages étaient opacifiées ou non. Il est revenu et nous a dit que les valises allaient être livrées ... qu'on allait peut être voir les enfants arriver par là.
Nous avons marché (couru ? Je ne sais plus...) et puis nous avons attendu... attendu.... Et là une famille est descendue dans l'escalier avec une petite fille africaine... Nous comprenons que ça y est c'est proche...
De longues minutes passent encore, peut être 10, 15...
Tout à coup, l'effervescence monte... On entend des parents dire "É. arrive par l'autre escalier, ils n'ont pas de bagages!"... On tourne la tête et un groupe d'enfants s'approche des vitres.... On ne voit pas notre bébé M. On cherche et ça y est ... Il est assis sur une valise sur un chariot à bagages. Tout petit. Pas perdu mais grave... Peut être très impressionné... Il ne nous voit pas. C'est Emmanuel qui pousse le chariot. Il montre à Bébé M que nous sommes derrière la vitre. Il le fait descendre. Matthieu s'approche mais il y a trop d'enfants et il ne nous voit toujours pas. Emmanuel nous fait signe d'aller vers une vitre un peu plus à l'écart et enfin Matthieu nous voit. Il nous regarde dans les yeux. Il regarde surtout son papa. Il le regarde d'un air sérieux, fermé, les sourcils froncés. Nous lui faisons des signes de la main mais il nous fixe tour à tour... On ne saura jamais ce qu'il a pensé à ce moment là mais nous sommes sûrs qu'il nous a reconnus. C'était nous deux et personne d'autre.
Totalement frustrés de ne pouvoir encore le toucher nous avons tous deux posé une main sur la vitre. Matthieu a mis une main puis l'autre sur les notres contre la vitre dans un moment lent et suspendu. Surprise de ce geste inattendu/inespéré, l'émotion m'a submergée. A partir de là, on ne voulait qu'une chose... Qu'ils nous rejoignent tous à la sortie. Matthieu restait les deux mains collées à la vitre.
Et puis enfin ils ont fait le tour et nous ont rejoints...
Matthieu n'a pas parlé, n'a pas souri mais il est resté près de nous et n'a pas pleuré... Et pourtant... Quel choc pour lui ! Il a pris son petit avion rouge dans les mains, une petite voiture et il a commencé à jouer. Nous étions assis par terre sur le sol du terminal...
6 familles par terre un samedi matin à Roissy.
